Partager l'article ! (20) French Cancan: Les candidats sont alignés en rang d’oignons, nus, à genoux le long du mur, les poignets liés derrière la nuque, et tou ...
Béatrice ou l'éducation d'une jeune soubrette
Les candidats sont alignés en rang d’oignons, nus, à genoux le long du mur, les poignets liés derrière la nuque, et tournés vers les cinq femmes qui les observent, ironiques et goguenardes, tout à l’effervescence insouciante de leur bavardage. Béatrice a repris son service et fait circuler son plateau entre les tables. Sa maîtresse, légèrement à l’écart de la conversation, semble poursuivre en silence un rêve intérieur. Sa pensée est ailleurs. A la sensation particulièrement agréable qu’elle éprouve. Son instinct de femme ne l’a pas trompée. Tous les hommes qui se sont succédé dans la pièce ont manifesté la même réaction. Après avoir rapidement balayé les lieux, leurs yeux se sont immanquablement tournés vers elle, comme aimantés par sa silhouette. Elle les a sentis d’abord se poser sur les siens, puis s’abaisser pour s’attarder, fascinés, sur sa poitrine ferme et galbée, avant de remonter, comme à regret, sur son visage, et hésiter à redescendre à nouveau, par crainte de se montrer trop insistants.
- En piste, il est temps de lever le rideau ! Comme d’habitude, nous allons tirer les épreuves au sort. Béatrice, apporte-moi vite la corbeille !
La domestique s’exécute et revient en tortillant légèrement, trop heureuse d’être, l’espace d’un instant, le point de mire de l’assemblée. Lady Alexandra, souriante, brasse généreusement les petits papiers multicolores pliés en quatre, et tend la corbeille à son amie Agnès. La main de celle-ci disparaît jusqu’au fond et remonte un papier de couleur rouge qu’elle déplie lentement avant d’en livrer à haute voix le contenu : « French cancan ». Ses voisines éclatent de rire. Béatrice, qui en meurt d’envie, se retient de les imiter, tandis que les hommes, déconcertés, s’interrogent du regard.
- Pour un début, c’est parfait, il n’y a pas mieux ! Béatrice, tu sais ce qui te reste à faire !
La soubrette adresse à sa maîtresse un clin d’œil complice. Elle a anticipé sa demande et posé contre le mur, à l’abri d’un rideau, la barre cylindrique en bois en forme de long manche à balai, indispensable pour ce premier exercice. Lady Alexandra ordonne aux cinq hommes de se relever et, se plaçant au bout de la rangée, attache le manche, par-devant, au sexe du premier d’entre eux au moyen d’une cordelette rouge. Elle serre énergiquement celle-ci sous ses bourses, à la fois pour les faire ressortir et pour assujettir solidement le premier point du dispositif. Puis, continuant sur sa lancée, elle opère avec la même minutie sur les quatre autres candidats qu’elle embroche au fur et à mesure, côte à côte, par leurs parties génitales. Le résultat est superbe. Les femmes ne cachent pas leur satisfaction devant le spectacle de ces attributs virils pendus à leur treille comme des grappes de muscat, le pénis tendu, les testicules mis en valeur par le lien soigneusement croisé sur chacun d’entre eux. Par l’effet du hasard, le candidat numéro 3, au centre, un peu plus grand que les autres, ne peut pas faire autrement que de tirer l’ensemble vers le haut, ce qui a pour résultat de relever douloureusement le sexe de ses compagnons, de part et d’autre.
- [Patricia] Quelle brochette appétissante ! Ils sont tout simplement adorables !
- [Lady Alexandra] Attendez la fin du numéro pour applaudir, vous n’avez encore rien vu !
Béatrice retire d’une pochette en papier kraft écorné un disque soixante-dix-huit tours qu’elle pose sur le plateau d’un antique phonographe. Sa maîtresse s’est levée, un martinet à la main.
- Messieurs, nous bouillons d’impatience, la scène est à vous, en place pour le quadrille !
Les premières notes entraînantes de la Vie Parisienne d’Offenbach sortent en grésillant du haut-parleur. Entravés, rougissants, maladroits, les figurants se gênent les uns les autres en tentant de suivre la cadence et de coordonner leurs mouvements. Ils offrent un spectacle désolant. Proche du fiasco complet. A la limite de la débandade. Cette déconfiture humiliante met les femmes en joie. Les exclamations fusent.
- Ils n’ont pas l’habitude de lever la cuisse, s'écrie Véronique !
Les rires reprennent de plus belle. Par-derrière, Lady Alexandra, imperturbable et concentrée sur son rôle de maîtresse de cérémonie, bat la mesure en faisant claquer à coups réguliers les lanières de cuir sur les reins des danseurs.
- Plus haut la jambe, le 2, regarde devant toi et souris ! Le 4, tu es en retard, suis le rythme !
- [Isabelle] Nous aurions dû les mettre en tutus roses !
- [Agnès] Je les préfère tout nus, on les voit bien mieux comme ça !
Après quelques minutes d’échauffement, et sous l’effet des lanières qui s’abattent avec vigueur, la chorégraphie s’améliore progressivement. Les jambes s’élèvent, bien hautes, droit devant d’abord, de biais ensuite, alternativement à gauche et à droite. Les cuisses évoluent à l’unisson tandis que les bourses solidaires et les pénis tendus montent et descendent de concert dans un ensemble parfait.
- [Patricia] Il faudrait organiser des soirées au Moulin Rouge réservées aux femmes !
La maîtresse de maison sourit mais reste attentive à la séquence qui suit, le fameux « coup de cul », où les figurants continuant à lever la jambe, tournent cette fois le dos au public et lui présentent leurs fesses qui ballottent en cadence, striées par les morsures du fouet. Le numéro se clôt par le salut final, le grand écart jeté en avant. C’est un vrai délire. Le cancan se déchaîne, comme si une écume de falbalas déferlait sur la piste dans un emmêlement de jambes gainées de noir. On croirait voir Nini Pattes-en-l’air, Demi-Siphon, la Sauterelle, Cléopâtre et Tonkin, lever la jambe à l’horizontale et jouer à décoiffer les messieurs du premier rang. Le salon exulte. On bat des mains à tout rompre.
Les héros n’en peuvent plus et sont moites de sueur. Cisaillé par les frottements de la cordelette, leur sexe turgescent a viré au rouge violacé au bout de leurs testicules gonflés. La soubrette reçoit l’ordre de les délivrer tour à tour de la barre qui les retient prisonniers.
- Béatrice, redonne-moi la corbeille, Isabelle va tirer la deuxième épreuve.
Celle-ci se prête à l’opération avec empressement et extrait un petit papier jaune, « La meilleure suceuse », suffisamment explicite par lui-même pour ne laisser aucun doute sur la suite des évènements. A cette annonce, et encore marquées par les images colorées du ballet précédent, les femmes ont du mal à cacher leur agitation. La chaleur et le champagne aidant, leurs joues se sont empourprées. Leurs yeux brillent. Elles assistent impatientes aux préparatifs en laissant échapper de temps en temps des soupirs de ravissement.
Un par un, la soubrette plaque les candidats contre le mur, à intervalles réguliers, sous chacune des fines appliques dorées ornées de pendeloques de cristal et dont les abat-jour plissés font retomber sur leur nudité une lumière indiscrète. Les poignets toujours attachés au niveau de la nuque, une courte chaîne fixée à l’anneau de leur collier les retient par-derrière à un crochet vissé dans la cloison.
Le règlement intérieur prévoit que les candidats doivent avoir les yeux bandés afin que chaque participante concoure avec une chance égale et ne doive en définitive son éventuel succès qu’à son seul mérite. Pour les mêmes raisons, il stipule également que le placement des candidates doit être tiré au sort. Grâce à la complicité de sa soubrette, le numéro 5 est attribué à Lady Alexandra. La compétition s’annonce rude. Pour cette épreuve, en effet, les concurrentes ont déjà montré à maintes reprises leur savoir-faire. Béatrice dépose délicatement au pied de chaque homme un coussin de velours grenat qui épargnera aux femmes les désagréments d’une station prolongée à genoux. Chacune se met en place.
- [Alexandra] Mesdames, je vous rappelle que ce sont surtout nos langues qui doivent s’activer. La première d’entre nous qui aura fait succomber son partenaire aura gagné, mais ne vous précipitez pas, je préférerais que vous les fassiez souffrir lentement, à petit feu ! [Sourire] Ouvre grands les yeux, Béatrice, tu es là pour t’instruire !
- Oui, Madame.
- Quant à vous, Messieurs, faites bien attention, vous auriez tort de vous laisser aller trop rapidement. Je préfère vous prévenir. Vous ne me connaissez pas encore, mais je n’aimerais pas me trouver à la place du premier qui cédera. Je lui réserve un châtiment comme il n’en a jamais reçu, ni peut-être imaginé !
Au signal de la maîtresse de maison, les cinq femmes s’agenouillent devant leurs partenaires désignés et embouchent goulûment les sexes déjà tendus qui se présentent à leur hauteur. Chacune a sa méthode. L’une commence par titiller le frein du bout de la langue. Une autre par le pincer entre ses lèvres. Une autre encore lèche le gland, s’insinue dans le moindre repli, avant de l’emprisonner tout entier, de le tenir ainsi quelques secondes, de le relâcher, puis de recommencer. Aux bruits de succion qui s’échappent des lèvres humides répondent les grognements sourds des hommes qui tentent de résister et le cliquètement des chaînes qui s’agitent au-dessus d’eux. Béatrice n’a pas assez de ses yeux pour admirer les prouesses des unes et des autres mais c’est surtout la perfection des gestes de sa maîtresse qui retient son attention. Elle est aux anges. Lady Alexandra se redresse, radieuse :
- Arrêtez toutes ! ! Nous avons un gagnant, enfin, un gagnant, c’est une façon de parler, n’est-ce pas numéro 5 ? Béatrice, détache-le et emmène-le où je t’ai dit, mais laisse les autres attachés, je ne veux pas qu’ils puissent se finir à la main.
- Bien, Madame.
- A propos, Béatrice, je ne crois pas que tu m’aies encore donné le prénom de notre heureux gagnant ?
- Il s’appelle Vincent, Madame….
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