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Béatrice ou l'éducation d'une jeune soubrette
Ci-dessous, la retranscription d’une interview de Maîtresse Alexandra publiée dans le numéro 10 de la revue « Fantasmes » (1er trimestre 2002). Propos recueillis par Arnaud Duquesnoy. Photographies de Christophe Mourthé.
Je remercie spécialement Mac’Miche, fidèle lecteur de mon blog, de me l’avoir communiquée.
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Sa prestance et son raffinement font d’Alexandra un cas à part dans le monde du SM. Maîtresse femme jusqu’au bout des ongles, elle exerce la domination comme un art et comme un véritable style de vie. Maîtresse Alexandra nous a ouvert les portes de son donjon…
Au fond du couloir d’un discret immeuble parisien, une porte s’ouvre. Apparaît alors la silhouette, belle, élégante et impeccable, de Maîtresse Alexandra. Au premier abord, Alexandra correspond exactement à l’image que l’on peut se faire d’une dominatrice, avec un mélange d’autorité naturelle et de séduction irrésistible. Mais après quelques minutes passées en sa compagnie, le visiteur s’aperçoit que sa personnalité va bien au-delà. Alexandra est davantage qu’une simple maîtresse SM et les clichés qui leur sont liés n’ont plus lieu d’être avec elle : « je suis avant tout une femme qui a du caractère », explique-t-elle. « La domination m’a permis de découvrir ma véritable personnalité et surtout, elle a évité que je me fasse haïr par tout le monde. Aujourd’hui, j’exerce mon autorité dans le cadre des jeux SM et sans être agressive au quotidien avec les gens. Et je me suis aperçue que l’autorité se pratique sans faire beaucoup de bruit, ni même élever la voix. Un geste du doigt ou un regard suffit pour obtenir ce que l’on veut… »
Derrière elle, deux amis-esclaves (l’un valet, l’autre soubrette) baissent imperceptiblement la tête comme pour confirmer cette affirmation… Ce penchant à commander ne date pas d’hier : « je me souviens quand j’étais enfant, j’avais peut-être six ans, j’ai reçu une petite machine à coudre pour Noël. Je demandais à une voisine de mon âge de venir m’aider à pousser le tissu et à chaque fois, je lui piquais les doigts. Presque tous les jours, je lui jurais que je ne recommencerais plus et qu’elle pouvait me faire confiance. Et à chaque fois, je réussissais à la convaincre et, de nouveau, je lui faisais mal. Ce qui m’intéressait, c’était de réussir à la persuader d’accepter. »
En plus de ce tempérament inné, Alexandra grandit auprès d’une mère stricte pour laquelle le moindre écart est prétexte à punition. « C’était un parfait exemple d’éducation bourgeoise de l’époque, sévère et rigide… Peut-être aussi que je prends une forme de revanche en imposant à d’autres l’autoritarisme qui m’a tant pesée ? … J’ai eu le temps depuis de réfléchir à tout cela en parlant avec mes « sujets » : grâce à eux, j’ai en quelque sorte accompli une psychothérapie qui m’a permis de mieux me comprendre. »
Elle possède donc de solides prédispositions mais ne passe à l’action qu’à l’âge de trente ans. Alexandre habite alors dans le midi et un jour, sur la plage, elle rencontre un couple avec lequel elle sympathise. A plusieurs reprises, l’homme lui demande de dominer sa femme. Devant son insistance, Alexandra finit par céder : « Ils sont arrivés un soir chez moi avec tout un tas d’instruments. Je n’y connaissais rien mais j’ai décidé de prendre les choses en main. J’ai dit à l’homme : « tu te mets à genoux et tu ne bouges pas » et je me suis débrouillée avec sa femme. Et je me suis surprise à aimer cela… »
C’est le début d’une existence différente pour Alexandra, qui pénètre alors de plain-pied dans un nouvel univers. Elle élargit son cercle de connaissances : « J’ai vraiment rencontré des gens extraordinaires, loin du commun des mortels. Dans ces pratiques, on rencontre beaucoup de dirigeants ou d’hommes de pouvoir. C’est normal car quelqu’un qui est humilié toute la journée à son travail n’a pas envie de se faire dominer le soir venu. Ceux qui ont des responsabilités aiment faire des parenthèses et ont plaisir à jouer les valets, les dominés ou les chiens. Je suis la partenaire de jeu, un peu le miroir dont ils ont besoin. Comme chacun sait qu’il s’agit d’un jeu, cela ne dégrade personne. »
Car, à la différence de certaines maîtresses, Alexandra ne se prend pas au sérieux et cultive un solide sens de l’humour qu’elle exprime même avec ses soumis. « Je suis une bonne vivante, ce qui étonne et détonne parfois dans le milieu SM. Je n’ai pas de revanche à prendre sur les hommes par soumis interposés. Pour moi, on ne peut pas les mépriser. On peut humilier les gens joliment (sic)… Après tout, je sais bien que je n’ai de pouvoir que celui qu’ils me donnent et me reconnaissent. Je n’oublie jamais que je tiens un rôle : je peux être une maîtresse d’école, une infirmière, une star… tout ce que l’on veut. Mais je dois faire en sorte que ma relation avec le soumis soit pour lui comme un rêve éveillé. »
Justement, que se passe-t-il pendant ces rencontres ? « Il peut tout se passer. Sauf des relations sexuelles. Je n’ai aucun rapport avec mes esclaves. » Ce n’est qu’une fois le rideau tombé qu’Alexandra reprend pied dans la vie quotidienne. Comme toute femme, elle aime alors vivre des relations simples où la tendresse est présente. Et elle avoue préférer des amants qui ne soient pas des soumis dans la vie… ou au lit !
Mais revenons au donjon d’Alexandra où ne pénètre pas qui veut : « Je ne veux pas de gens psychologiquement fragiles qui risqueraient de trop s’attacher à moi. Il faut que la personne soit capable de me dire exactement ce qu’elle recherche. Mon partenaire me donne le « la » en m’expliquant son fantasme et moi, à partir de là, je joue la partition. Pendant une séance, je suis comme un funambule sur une corde raide, à l’écoute de celui qui est en face de moi. Mais, quel que soit le jeu de rôles, je suis toujours très « femme » avec, par exemple, de la fourrure, des talons hauts, des bas couture. Si j’étais un homme, c’est ainsi que j’aimerais que ma maîtresse soit habillée. » « Ce qui attire beaucoup les hommes, c’est le fantasme de la femme phallique : ils adorent se faire dominer par une femme très chic équipée d’un gode-ceinture. »
Avec l’expérience, elle distingue deux grandes catégories : les soumis et les masochistes : « Beaucoup de masos sont plutôt dominants et, en même temps, des écorchés vifs. Certains, les purs et durs, sont souvent perturbés et perturbants, ils veulent telle souffrance à tel endroit et pas ailleurs. En fait, peu importe qui les frappe, ils veulent tout simplement souffrir. » Avec les soumis, le jeu est plus subtil et la relation différente. Celle-ci peut se prolonger bien au-delà du jeu proprement dit : « Certains deviennent des amis fidèles. Parmi eux, quelques-uns ont plaisir à faire le ménage ou la cuisine, ça m’arrange parfois ! Mais, pour tous, leur bonheur est de veiller à mon bonheur, de précéder mes désirs… N’est-ce pas le rêve ? Ils me servent comme une reine. Et, en même temps, nous formons une sorte de famille. Avec moi, ils peuvent vivre comme ils se sentent véritablement en eux-mêmes : soubrette soumise pour l’un, esclave total pour un autre Ils m’aiment et je les aime. » Et d’ajouter, visiblement sincère et apaisée : « je vis pleinement ma passion et c’est une chance que j’apprécie tous les jours… »
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