Béatrice ou l'éducation d'une jeune soubrette
Dès qu’elles font leur apparition dans l’encadrement du grand salon, la Comtesse Rimanska et Lady Alexandra sont accueillies par un concert d’exclamations. Vous voilà enfin ! Nous vous cherchions partout ! Vous nous manquiez ! Où aviez-vous donc disparu ? Les deux femmes se contentent de répondre par des sourires énigmatiques. La visite des « écuries » n’est pas un sujet que l’on peut aborder devant tout le monde. Seules quelques initiées sont au courant et les étalons, pour leur part, sont tenus au silence le plus strict. Ils savent ce qu’ils encourent s’il leur prenait l’audace de trahir le secret.
- Béatrice se sentait un peu fatiguée. Un bon bol d’air lui a fait le plus grand bien !
Cet aveu n’est qu’un demi-mensonge. Pimpante et gracile, la soubrette, tenue en laisse par sa maîtresse, a repris des couleurs. Elle offre aux regards qui l’observent la fraîcheur recouvrée de ses dix-neuf ans. Rougies au contact du froid du parc, ses pommettes et ses petites fesses lui donnent l’allure mutine et charmante d’une écolière prise en faute. Le petit chaperon rouge revisité par Luc Besson pour le N° 5 de Chanel. Lever de soleil sur un jardin d’innocence. L’air de ne pas y toucher. Le grand jeu. Tout y est. Y compris les battements de cils, façon biche apeurée. Alexandra adore. Qui pourrait s’imaginer en l’observant, timide et empruntée, qu’il y a à peine un quart d’heure encore, à quelques centaines de mètres de là, elle était en train de pomper avec frénésie le dard monstrueux d’un des plus beaux pur-sang d’Irina ?
En attendant, il est minuit passé et la fête continue à battre son plein. Quelque part, comme dans un écho assourdi, on entend sauter des bouchons de champagne. Les esclaves de la comtesse poursuivent leur ronde sans fin entre les tables. Des petits groupes se forment ici et là. De mondaines, les conversations deviennent plus intimes. Les lumières s’adoucissent. Se tamisent. La cire commence à couler le long des chandeliers d’argent. De temps en temps, une cavalcade d’invités dégringole les escaliers en pouffant de rire. Plus haut, dans les étages, des portes se referment en grinçant. Des couples s’enlacent dans la pénombre des alcôves. On devine des gloussements dans les recoins obscurs des couloirs. Des petits cris aigus à l’abri des paravents. Des gémissements extatiques derrière les portes.
- Béatrice, mets-toi à quatre pattes !
Au beau milieu du grand salon, l’ordre de Lady Alexandra fuse comme un éclair. La voix est forte. Les conversations s’interrompent. Tous les regards convergent vers la soubrette qui se trouve soudain sous le feu des projecteurs. Sa maîtresse se penche vers elle et plongeant délicatement ses doigts au creux de ses reins, en retire d’un geste théâtral le bouchon métallique terminé par un cabochon en cristal taillé qui la retenait prisonnière.
- Te voilà libérée, ma belle, je t’autorise à aller jouer !
Pas de punition ? Elle s’en tire apparemment à bon compte. Une simple impression. Mais elle ne sait pas encore ce qui l’attend. Un jeu spécial sans doute. Car dans le même temps, la comtesse Irina a pris soin de délacer par-devant les slips d’Omar et d’Ali, ses deux gardes du corps, libérant des organes énormes, congestionnés et démesurément tendus après avoir été trop longtemps comprimés.
- Amusez-vous les enfants, c’est de votre âge !
Les deux femmes s’échangent un clin d’œil en voyant disparaître la fragile silhouette de Béatrice, encadrée par la stature impressionnante des deux colosses, sculptés comme des statues, qui lui empoignent les avant-bras.
La récréation risque de durer un certain temps. Béatrice n’est pas d’un tempérament à se lasser facilement. Plutôt du genre à en redemander. Peu importe, sa maîtresse finira bien par la retrouver. Dieu sait dans quel état !
Pour le moment, Lady Alexandra musarde et profite de quelques moments de liberté. Une coupe de champagne au buffet. Un petit mot au passage à ses amies Martine et Gisèle. Un arrêt devant la cheminée où brûle un grand feu de bois. Un étalon se présente et lui tend son plateau. Pyramide multicolore de fruits déguisés. La pâte d’amande brille comme une carapace bombée sous le vernis de sucre glace. Difficile de résister. Elle s’enquiert de son prénom.
- Cyrille, Madame, répond-il en plantant sans ciller son regard dans le sien.
- Eh bien, Cyrille, vous me tentez beaucoup, je ne sais pas par quoi commencer.
Dissimulée sous le plateau, la main de Lady Alexandra s’affaire à palper la paire de bourses chaudes qu’elle sent frémir entre ses doigts et se met à masser le membre qui ne tarde pas à se redresser en grossissant. Cyrille est au comble de la confusion. Sous sa frange de cheveux blonds, Lady Alexandra le fixe et le défie. Son visage se rapproche. Ses lèvres s’entrouvrent.
- Merci, mon petit Cyrille, n’oubliez pas de revenir me voir, vos sucreries sont délicieuses !
La suite de sa promenade lui confirme qu’elle n’est pas la seule à s’autoriser quelques privautés avec le personnel domestique.
Ici, au terme d’une manœuvre habile d’encerclement construite comme une mêlée de rugby et qui dissimule leurs gestes à la perfection, quelques invitées s’arrachent la vertu d’un jeune étalon dont on devine, entre deux épaules, le visage empourpré. Là au contraire, et devant tout le monde, deux femmes assises masturbent consciencieusement le serviteur qui se tient debout devant elles. Lorsque l’une s’arrête, l’autre lui succède immédiatement et prend le relais. Pas de temps mort. Une question de patience. Encore quelques minutes de ce régime et il sera à point. Des signes encourageants annoncent un dénouement proche. Si elles le souhaitaient, elles pourraient précipiter l’échéance en accélérant le rythme. Mais elles s’en garderaient bien. A vrai dire, elles ne sont pas pressées. Il est tellement plus agréable de faire durer les choses quand on tient un homme à sa merci et qu’on le sent perdre progressivement ses moyens.
Un petit tour dans les autres salles du rez-de-chaussée s’impose. Certaines invitées en reviennent de fort bonne humeur. Le buffet vaut le détour, lui signale l’une d’entre elles, la prunelle soudain étincelante. Encore faut-il le trouver. Sans doute au-delà de ce petit vestibule qu’elle ne fait que traverser et où Sacha et Igor ont été renversés sur le dossier de fauteuils en cuir, cuisses écartées, fesses offertes, pour se faire doigter par quelques mains expertes. Voilà, nous y sommes. Un buffet original, assurément. Un buffet vivant, en quelque sorte. Avec sa spécialité maison qui semble remporter un franc succès : la turlutte royale au Grand Marnier. Des étalons entièrement nus ont été alignés et attachés le long du mur. Ils ont la pointe des seins, le sexe et l’entrejambe généreusement nappés de sauce au chocolat. Plusieurs femmes s’affairent auprès d’eux, la bouche gourmande, en poussant des petits cris de contentement tandis que leurs victimes se contorsionnent tant qu’ils peuvent afin d'échapper à leurs caresses. En retrait, toque blanche dressée sur le haut du crâne, le maître pâtissier s’applique, entre deux convives, à reconstituer son ouvrage en pressant sur sa poche à douille pour en extraire un rouleau torsadé sur lequel il pique au gré de sa fantaisie quelques écales d'amandes ou de noisettes.
Pas le temps de s’arrêter. Ce sera pour plus tard. Elle entrouvre la porte d’un boudoir et repère enfin sa soubrette. Visiblement, celle-ci s’apprête à passer des moments très agréables en compagnie d’une cohorte d’étalons impatients de donner l’assaut.
Deux femmes l’ont installée confortablement dans un fauteuil pour la préparer à honorer ces messieurs. La première a mouillé son index et stimule par des mouvements délicats et circulaires la lente éclosion du pistil. Le geste est sensuel et régulier. Celui d’une femme qui caresse comme elle aimerait être caressée. Béatrice sent son sexe se gonfler. L’autre femme, sur les conseils de la première, se joint à elle. Leurs doigts butinent, vont et viennent, s’attardent, écartent les lèvres, plongent avec délice, parcourent la fente nacrée, accélèrent le rythme. Une fine rosée commence à perler. Ce sont maintenant leurs lèvres qui prennent le relais. Qui s’introduisent, lèchent, titillent, suçotent, aspirent. Béatrice sent une douce chaleur l’envahir. Ses yeux brillent. De ses deux mains, elle exagère l’ouverture de sa fente en tirant sur les bords afin de pouvoir libérer le relief de son bourgeon de chair, indifférente à l’impudeur exquise de cette exhibition et poussée par le désir incontrôlable de s’offrir sans retenue pour être prise tout entière.
- La voilà prête, à vous de jouer, messieurs !
Les femmes se retirent. Les étalons vont pouvoir entrer en scène. Le spectacle auquel ils viennent d’assister les a mis dans tous leurs états. C’est à peine s’ils peuvent encore se maîtriser. Le premier, Ivan, fait signe à Béatrice de se relever et de se pencher en avant, la tête en bas, les mains serrées autour des chevilles. Entre ses jambes écartées, la soubrette découvre une queue monstrueuse pointer vers elle, puis errer entre ses jambes en venant s’appliquer ça et là contre sa peau brûlante, comme s’il hésitait à choisir un accès plutôt qu’un autre pour la pénétrer. D’un bras, il la redresse pour qu’elle prenne appui contre le mur. Au passage, il lui caresse les seins tout en lui mordillant le dos et le cou. Puis d’une main, il écarte ses lèvres humides pour y introduire son sexe et le faire aller et venir sur toute sa longueur. Rien de plus facile. Le membre coulisse avec aisance. C’est tellement agréable que Béatrice resserre légèrement son étreinte sur le piston bien huilé. La main de l’homme s’aventure par-devant sur le bourgeon de chair tendu d’excitation, qu’il titille du bout des doigts. Caresse à peine supportable. La soubrette ne peut plus retenir ses gémissements. Elle cambre les reins et contracte encore davantage ses muscles sur la tige vigoureuse qui la transperce.
- Oh oui, ouiiiii, ouiiiiiiiiiiii, encore, ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
Plus qu’ils ne l’accompagnent, les mouvements de son corps anticipent ceux de son partenaire. Une moiteur brûlante recouvre le grain de sa peau, s’insinue entre ses cuisses, perle au creux de ses reins. Si elle était encore en mesure de parler, elle le supplierait de la prendre sur-le-champ. Mais c’est à lui de décider. Et l’heure n’est pas encore venue. Va-et-vient incessants. Le membre grossit au fur et à mesure. S’empale de tout son long Avant de ressortir. Et de recommencer. Tandis que par-devant, l’attouchement devient insoutenable. Commencer par jouir de son plaisir avant de jouir soi-même. La combler au-delà de ce qu’elle attend. L’observer s’embraser tout entière. L’entendre s’abandonner sans retenue.
Il la pénètre longuement, puissamment. Ses mains ont pris possession de ses seins gonflés qu’il tient entre ses paumes en même temps qu’il en pince les pointes dressées. La cadence s’accélère. Elle se met à hurler de plaisir. Un tonnerre de feu gronde dans son ventre. Son corps est parcouru par des tressaillements incontrôlables. Un cri déchirant transperce le silence. Ivan accentue la cadence puis se retire et se met à jouir à longs jets. Le bas du dos de Béatrice est aspergé d’un liquide laiteux qui s’écoule entre ses reins et ruisselle, plus bas, entre ses lèvres intimes.