Béatrice ou l'éducation d'une jeune soubrette
A St Mary’s Hall, la réputation de sévérité de Chelsea Whitfield était solidement établie. La simple évocation du nom de la surveillante générale emplissait les élèves d’une crainte incoercible. Peu d’entre elles avaient pu échapper à son emprise et les rumeurs les plus folles couraient à son sujet. Elle avait, parait-il, fait ses débuts dans un collège de garçons, à St Andrews en Écosse, où les méthodes d’éducation les plus strictes étaient appliquées avec une extrême rigueur, à la grande satisfaction du corps enseignant et des parents d’élèves. A force de pratique, les divers instruments de discipline n’avaient plus de secret pour elle. Elle en faisait collection, comme d’autres s’intéressent aux timbres-poste ou aux papillons. On la soupçonnait même de convoquer au hasard certaines élèves dans son bureau dans le seul but d’essayer tel ou tel nouveau modèle dont elle venait de faire l’acquisition. Son heure de gloire sonnait chaque mercredi après-midi, jour de visite hebdomadaire, lorsqu’elle exhibait à l’intention des familles quelques victimes alignées le long du mur du parloir, les fesses striées de marques rouges.
C’est la tête bouillonnante de ces images effroyables que Josie quitta le cours de mathématiques de Miss Harper pour se rendre chez Mrs Whitfield, tremblante et la gorge serrée. Sous sa jupe, la chaleur continuait d’irradier. Elle s’arrêta en chemin pour se frotter les fesses énergiquement afin d’en atténuer la brûlure. Dans les couloirs interminables, éclairés à intervalles réguliers par la lumière crue des tubes de néon, le sol en linoléum brillant comme un miroir dégageait une odeur tenace d’encaustique et de produit d’entretien. Elle parcourut l’étage des « petites », le long des casiers aux portes grillagées servant de vestiaires, et son enfilade de salles de classe identiques, avec leurs globes en verre dépoli descendant du plafond, leurs tableaux noirs ornés de la date du jour inscrite à la craie et leurs cartes suspendues au mur.
Au cours de son trajet, elle eut la malchance de croiser quelques professeurs désagréablement moqueurs, (« Dépêchez-vous, Mrs Whitfield vous attend avec impatience ! ») ou faussement naïfs (« Le cours de mathématiques est déjà terminé ? ») pour le simple plaisir d’observer le rouge lui monter aux joues et de l’entendre bredouiller une réponse maladroite. Devant l’infirmerie, d’où s’échappait une odeur entêtante d’éther, de camphre et de teinture d’arnica, sœur Bernadette l’arrêta dans sa course. Elle releva sa jupe pour mesurer l’étendue des dégâts et, sous prétexte de s’apitoyer, avec son air doucereux et ses manières glissantes, profita de la situation pour flatter par-devant, du bout de ses doigts glacés, le renflement de son pubis. Un peu plus loin, à l’entrée des dortoirs, sœur Lindsey, ravie de ce tête à tête discret et fortuit, du même ton sucré de fausse compassion, en fit autant avec plus d’insistance encore.
Tout au fond du couloir enfin, Josie reconnut l’antichambre baignée dans la pénombre et la porte massive donnant accès au bureau de Chelsea Whitfield. Dans un silence oppressant, les tempes palpitantes, elle prit le temps de boutonner sa veste, de resserrer le nœud de sa cravate, de remonter ses chaussettes et d’ajuster sa coiffure. Elle frappa une première fois sans succès, puis à nouveau quelques instants plus tard. L’oreille collée à la double porte capitonnée de cuir, il lui parvint le son étouffé d’une fessée en cours, ponctuée comme en écho par des pleurs aigues et des supplications déchirantes. Elle estima plus prudent d’attendre la fin de la correction pour manifester à nouveau sa présence. Un « Entrez ! » énergique lui répondit et elle s’exécuta, préférant toutefois rester au seuil de la pièce, les mains dans le dos. Derrière son bureau, Mrs Whitfield avait reculé sa chaise et tenait encore allongée en travers de ses genoux, culotte baissée, une jeune élève de quatrième qui pleurait à gros sanglots, les fesses écarlates. Celle-ci reçut l’ordre de se relever et d’aller se mettre au coin dans l’antichambre, les mains sur la tête.
Un sourire ironique éclaira le visage de la surveillante générale quand elle reconnut Josie. Celle-ci lui tendit le petit mot de son professeur de mathématiques. Elle le lut attentivement puis lui fit signe de contourner son bureau afin de l’attirer contre elle. En même temps qu’elle la réprimandait (« Alors, Mademoiselle, on ne tient aucun compte des observations de ses professeurs ! »), sa main erra sur ses jambes nues (« La fessée ne vous fait plus rien ? »). Elle sentit ses ongles griffer sa peau en remontant le long de ses mollets (« La règle plate non plus ? ») et ses doigts continuer à progresser sous sa jupe (« Vous avez raison, ce n’est plus de votre âge. »), la forçant à écarter les jambes afin de caresser à loisir la face interne de ses cuisses (« Vous êtes maintenant trop grande ! ») et, se faufilant sous l’élastique de sa petite culotte, de s’insinuer entre les bouclettes rousses de sa toison naissante (« Oh oui, beaucoup trop grande ! »).
- Eh bien, nous allons vous prescrire un régime plus adapté, une potion plus forte, quelque chose d’énergique, à effet immédiat, un traitement de choc en quelque sorte ! Vous a-t-on jamais donné la canne ?
- Oh non, Madame !
- Et vous le regrettez, j’en suis sûre ! [Josie, terrorisée, n’osa pas faire obstacle aux doigts qui poursuivaient leur chemin et écartaient maintenant ses lèvres intimes pour la tripoter plus à leur aise.]
Depuis l’automne, lorsqu’on l’avait mesurée pour lui remettre un uniforme à sa taille, elle avait grandi de près de six centimètres. Le bas de sa jupe couvrait maintenant à peine le ras de ses fesses et laissait entrevoir le liseré blanc de sa petite culotte au moindre de ses mouvements.
- Non seulement vous êtes en retard, mais en plus votre tenue est indécente, mettez-vous à genoux, que je voie si l’ourlet touche le sol. [A St Mary’s Hall, la bonne longueur, ni trop courte ni trop longue, était celle qui devait effleurer le plancher.] C’est bien ce que je pensais, votre jupe est beaucoup trop courte ! Vous serez aussi punie pour ça !
- Mais Madame, je n’y peux rien, ce n’est tout de même pas de ma faute si je grandis trop vite !
- Taisez-vous, petite impertinente, il faut toujours que vous ayez raison !
Tandis que Mrs Whitfield la basculait en un tour de main sur ses genoux et relevait sa jupe, Josie se sentit brusquement aussi vulnérable que l’élève en larmes aperçue quelques minutes plus tôt dans la même position.
- Beau travail !
La surveillante générale, prenant l’air approbateur de quelqu’un qui s’y connaît, ne dissimula pas sa satisfaction en découvrant le bas du dos de Josie, encore chaud de la correction administrée par Miss Harper et coloré uniformément d’un rouge intense, zébré des traces plus foncées laissées par la règle. Elle vérifia au passage que la petite culotte était bien conforme au modèle réglementaire (« regulation white brief ») et remarqua avec plaisir que le haut et le côté des cuisses n’avaient pas été épargnés, laissant ainsi clairement visibles et sans doute pour longtemps les marques de la correction, une fois la jupe renfilée, pour la plus grande honte de l’élève.
- Redressez-vous, Mademoiselle, et retirez vos vêtements ! Oui, vous m’avez bien entendu, dépêchez-vous, tout, la petite culotte, le soutien-gorge… vous pouvez garder vos chaussettes.
Chelsea Whitfield ouvrit en grand la fenêtre de son bureau afin que tout un chacun dans les étages, de l’autre côté de la cour, puisse assister à la scène. Elle se dirigea ensuite vers un coin de la pièce tendu d’un rideau de velours rouge qu’elle tira avec solennité. Apparut alors un assortiment très complet d’instruments de pénitence pendus avec le plus grand soin, chacun à son crochet. Il y avait là plusieurs modèles de cannes, de la plus souple à la plus rigide, des battoirs en bois et en cuir, des cravaches, des fouets, des badines, des courroies de cuir, des verges en bouleau. Rien ne manquait. Elle faillit se saisir de son instrument préféré, un martinet équipé d’un manche de petite taille, gainé d’un adorable tissu rose, et d’une dragonne permettant de le conserver au poignet. Elle le trouvait facile à manier, vif et cinglant, parfait pour châtier les formes tendres et rebondies des jeunes filles dissipées. Mais compte tenu de la gravité des circonstances et de l’âge de Josie, elle jeta finalement son dévolu sur un instrument plus frappant, une lanière de cuir large et épaisse, entaillée en forme de trident à son extrémité.
- Si vous ne connaissez pas encore le « strap », vous allez m’en dire des nouvelles !
Mrs Whitfield prit le temps d’en décrire les effets dévastateurs. Le découpage en trois lanières à son extrémité, outre qu’il permettait de réduire la résistance à l’air, visait à prolonger la durée de l’impact et à rendre les contusions encore plus douloureuses car ces lanières atteignaient leur cible chacune l’une après l’autre en diffusant leurs effets avec un très léger décalage. Un instrument terrifiant. C’était comme si vous receviez trois coups en une seule fois.
- Oh non, Madame, je vous en supplie !
- Il est trop tard, Mademoiselle, avancez ! Vous voyez ce chevalet ? Penchez-vous dessus complètement, oui pliée en deux comme ça, il est juste à la bonne hauteur. Vous sentez comme vos petites fesses sont tendues ? Avec vos mains, agrippez la barre métallique inférieure à ses extrémités. C’est parfait. Maintenant vous allez m’ouvrir largement les cuisses. J’ai dit largement, encore, encore ! Tenez, pour vous aider, je vais vous attacher les chevilles aux montants avec ces bracelets de cuir. Voilà ! Vous n’aurez pas la tentation de les resserrer !
En observant Josie ainsi exposée, elle se surprit à sourire en repensant à ses précédentes fonctions et aux ultimes préparatifs dont elle gratifiait, dans la même position, les garçons indisciplinés de St Andrews. Elle retroussait leur verge pour dégager leur petit gland rosé. Ce raffinement supplémentaire était désigné sous le nom de « fessée décalottée », pour reprendre un jeu de mots subtil qui circulait à l’époque dans l’établissement.
- [Josie, la tête en bas, s’adressant à Mrs Whitfield entre ses jambes écartées] Oh non, Madame, pas devant la fenêtre, tout le monde va me voir !
De fait, la correction n’allait pas passer inaperçue. C’était même à se demander si toute l’école ne s’était pas donné le mot. Le nez écrasé contre la vitre du bâtiment d’en face, des grappes d’élèves enchantées du spectacle, exposaient leurs faces hilares, se montrant du doigt avec jubilation la victime dont le visage brouillé de larmes s’était mis à s’empourprer lentement.
- Oh Madame… s’il vous plaît !
- Vous feriez mieux de vous concentrer, Josie, … et de respirer profondément, … je commence !