Béatrice ou l'éducation d'une jeune soubrette

27 01Aux premières lueurs de l’aube, Béatrice, à peine remise de ses épreuves dans la salle de billard, est tirée de son sommeil par George, qui entre dans sa chambre sur la pointe des pieds.  

- Béatrice, réveille-toi, les invités de Madame ne vont pas tarder à sonner pour le petit-déjeuner.

Surprise dans son intimité, la soubrette se redresse en sursaut, puis se lève. Elle procède à une toilette sommaire en s’aspergeant le visage d’eau froide, avant de revêtir en hâte sa tenue de travail. Le chemin qui serpente des communs au manoir est couvert de givre. Une bise glacée s’engouffre sous sa jupe évasée et lui fouette les jambes. Louise l’attend dans la cuisine d’où s’échappent des effluves appétissants de café et de croissants chauds, et lui désigne, au-dessus de la porte, le panneau de chêne où des voyants électriques insérés dans des isolants de porcelaine blanche signalent les27 02 premiers appels :

- Dépêche-toi, ma jolie, regarde, on t’attend déjà dans la chambre bleue.

La soubrette saisit son plateau et gravit quatre à quatre les degrés de l’escalier jusqu’au premier étage. L’immense corridor sur lequel donne la suite des chambres est plongé dans la pénombre. Sous les armures aux reflets de métal froid qui se dressent immobiles entre chaque porte, elle croit 27 03deviner le battement d’une respiration, la pesanteur d’un regard, la grimace d’un sourire. Les lames du parquet craquent sous ses pas. Les serrures grincent. Les portes s’entrebâillent.

- [Toc, toc, toc] Entrez !

C’est une voix masculine, grave et chaleureuse, qui lui répond. Béatrice entre, salue l’invité, s’incline pour poser son plateau sur une petite table en faisant en sorte de présenter le dos à son interlocuteur, puis se dirige vers la fenêtre afin de tirer tout grands les rideaux.

- Le soleil ne va pas tarder, Monsieur, c’est une belle journée qui s’annonce !

En se retournant, elle découvre les traits de son interlocuteur. Lèvres épaisses. Menton volontaire. Sourire satisfait. Ils lui rappellent un visage entrevu dans la salle de billard. Simple spectateur ou participant actif ? Elle ne se souvient plus. Ils étaient27 04 si nombreux. Elle a bien cru que la soirée ne finirait jamais. A travers la porte fermée de la salle de bains, des bruits d’ablutions trahissent la présence de quelqu’un d’autre. Sans doute d’une femme.

27 05- Si Monsieur n’a plus besoin de moi, je souhaite une excellente journée à Monsieur.

- Attends un peu, ma belle, rien ne presse, nous n’allons pas nous quitter comme ça !

Il glisse prestement un billet de 10 livres dans la poche de son tablier, appuie sur ses épaules et la contraint à se mettre à genoux devant lui. La soubrette se laisse faire, excitée par le danger. Le doigt posé sur les lèvres, l’homme lui fait signe de se taire et déboutonne sa braguette, laissant surgir un membre énorme et gonflé, comme un pantin à ressort qui serait resté trop longtemps comprimé dans sa boîte. Les travaux d’approche seront inutiles. La partie semble gagnée d’avance. A défaut d’avoir à le stimuler, elle27 06 va pouvoir s’offrir le luxe de le retenir. Oui, c’est ça, elle va s’amuser à le tenir à sa merci comme si elle ignorait la présence de Madame sous sa douche, de l’autre côté de la cloison. D’une main caressante, elle lui malaxe les bourses, de l’autre, elle fait aller et venir la peau veinée du sexe, dégageant le gland qu’elle titille du bout de la langue, avant de l’avaler d’un seul 27 07coup. Une voix traverse la porte de la salle de bains :

- Edward ? Je ne vous entends plus, darling, tout va bien ?

- Nooonnn … !!!! … Humpfff … !!!! … Glouuup… !!!! … Arrête … !!!!

- Comment ça « Arrête ! », vous faites attention à ce que je dis, Edward ? Je vous demandais si tout allait bien !

- Oh oui… !! … Ouiiiiiiiii !! … Continue … !! … Aaahhh … !!! Ouiiiiiiiii !!! … Encore … !!!

- Mais enfin, Edward, continue quoi ? De quoi parlez-vous ?

Béatrice trouve la scène très drôle. Madame va sans doute surgir en peignoir d’un instant à l’autre. Elle le lit dans le regard inquiet de son partenaire. C’est l’occasion d’en profiter. De continuer comme si de rien n’était. Tenir bon quand il essaie de lui repousser la tête. Un27 08 petit plaisir pervers. Et une réputation à honorer. Une bonne suceuse doit pomper jusqu’au bout. C’est ce que sa maîtresse lui a appris. Et puis, elle adore sentir le sperme gicler au fond de sa gorge. Le dénouement est rapide. Congestionné, Monsieur remonte rapidement son pantalon tandis que la 27 09soubrette s’éclipse sans bruit et que la porte de la salle de bains s’ouvre. Il était temps !

Béatrice rajuste sa coiffe, empoigne un nouveau plateau et se présente à la porte d’une autre chambre. A peine a-t-elle frappé qu’elle se sent projetée à l’intérieur par une jeune femme ravissante. Yeux pervenche. Regard intense. Voix sucrée. Nuisette diaphane suspendue comme un écran devant elle à la pointe de ses seins. Magnifiques. Avec de larges aréoles foncées. Et plus bas, le triangle sombre d’une toison impeccablement taillée.

- Te voilà enfin, tu sais que je commençais à être jalouse !

Elle l’entraîne vers le lit où elle s’installe confortablement, le dos calé contre deux oreillers, les jambes repliées contre sa poitrine, largement ouvertes, et lui fait comprendre sans équivoque ce qu’elle27 10 attend d’elle. La soubrette glisse ses doigts entre les boucles brunes, mouille son index et le promène longuement autour du clitoris de la jeune femme. Celle-ci ferme les yeux. Elle sent son sexe gonfler de plaisir. Les do27 11igts s’y plongent avec délice. Elle écarte ses lèvres pour que la soubrette puisse lui donner encore plus de plaisir. Béatrice continue à laisser ses doigts papillonner sur la fente luisante, accélérant insensiblement le rythme jusqu’à ce qu’elle se mette à gémir :

- Oh oui… !! … Ouiiiii… !!! OUIIIIII !!!! … OUIIIIIIII, là !!!!!! … Caresse-moi avec ta langue … !!!!!

Béatrice est prête à obtempérer mais les sonneries persistantes en provenance du couloir la contraignent à s’interrompre précipitamment (« Je repasserai tout à l’heu27 12re »). Il est clair qu’à l’étage, on commence à s’impatienter. Devant la porte d’à côté, un plateau terminé a été déposé. Elle s’incline pour le prendre. Sans plier les genoux. Elle en a maintenant l’habitude. Alors qu’elle est encore penchée, deux mains puissantes la saisissent à la taille par-derrière et la maintiennent dans cette position.

- Mais Monsieur27 13, arrêtez, mais qu’est-ce que vous faites ?

- Ce que je fais ? Mais tu le sais très bien, ma petite levrette ! Tu étais moins farouche, hier soir !

D’un geste rapide, il relève sa jupe, baisse sa petite culotte, introduit un doigt dans sa vulve juteuse comme un abricot mûr, et sans autre préliminaire, plante son sexe turgescent entre les lèvres déjà humides. Les mouvements, lents au départ, deviennent rapidement plus insistants. Béatrice sent ses gros testicules claquer contre ses fesses à chaque coup de boutoir qui la projette en avant. Les va-et-vient se précipitent. Il ne tarde pas à jouir en elle.

Le temps de remettre de l’ordre dans ses vête27 14ments, la soubrette entrevoit le dos d’un inconnu qui s’éloigne vers le fond du couloir. Ce n’est vraiment pas le moment de protester. De toute façon, cela ne servirait à rien. Les sonneries continuent. Béatrice frappe à la porte de la chambre jaune.

- Entrez ! Ah, c’est toi, petite traînée, tu tombes bien ! Alors comme ça, tu passes ta soirée en compagnie de ces 27 15messieurs et tu t’imagines que les dames ne se doutent de rien ? Qu’elles sont persuadées qu’ils se contentent de jouer bien sagement au billard ? Tu me prends peut-être pour une idiote ? Pose ton plateau et mets-toi à genoux, dépêche-toi !

Interloquée, Béatrice obéit. La scène qu’elle redoutait. Il fallait bien qu’à un moment ou à un autre, elle finisse par se retrouver en présence de la compagne de l’un de ses nombreux partenaires de la veille. Les risques du métier. Celle-ci enjoint son compagnon de baisser son slip. Monsieur s’exécute, quelque peu incrédule. Ce serait bien la première fois que sa femme l’encouragerait à se faire sucer par une autre. Elle le pousse en avant, l’obligeant à s’approcher à quelques millimètres de la bouche de la soubrette et à exhiber sa pine au garde-à-vous.

- Elle est belle, elle est grosse, une queue de rêve, non ?

Béatrice ouvre toutes grandes les lèvres pour l27 16’engloutir mais la femme la retient fermement par-derrière en la tirant par les cheveux.

- N’est-ce pas qu’elle te fait envie, petite vicieuse !

La soubrette a beau avancer désespérément la tête et tendre la langue, l’objet convoité lui reste inaccessible.

- Mais tu ne la videras pas deux fois celle-là, espèce de garce !27 17

Lorsque la femme devine que la tension des deux partenaires est parvenue à son comble, elle repousse brusquement la soubrette sur le côté, avale goulûment le pieu tendu à sa hauteur et se met à le pomper avec frénésie jusqu’à ce qu’elle finisse par se retirer, la bouche dégoulinante de sperme, tout en décochant un rictus de victoire à l’intention de Béatrice.

Celle-ci est maintenant attendue dans la chambre rouge. Ailleurs aussi. Partout. Les appels se précipitent dans une cacophonie insupportable. Béatrice ne sait plus où donner de la tête et s’agite dans tous les sens.

- Oui, oui, voilà, voilà, j’arrive !

L'agacement tourne à l’exaspération. Plusieurs invités viennent aux nouvelles sur le palier. Les voix grondent dans la cage d’escalier. Lady Alexandra se précipite. Aux récrimination27 18s des malheureux qui attendent toujours leur petit-déjeuner se joignent les plaintes de ceux qui ont déjà été servis : thé froid, toasts brûlés, c’est une honte. La maîtresse de maison en convient. Un incident regrettable. Blandine est appelée toutes affaires cessantes pour reprendre les choses en main.

Quant à la coupable, son sort est vite décidé : elle sera châtiée sur-le-champ. La maîtresse de maison l’empoigne par le bras et la fait entrer de force dans la première chambre qui se présente.

- Aux grands maux, 27 19les grands remèdes ! George, attachez-la aux colonnes du lit à baldaquin, oui, comme ça, les bras en croix bien haut de chaque côté.

- Comme ça, Madame ?

- Non, encore plus haut, et tant mieux si ça tire ! Il faut qu’elle se tienne sur la pointe des pieds. Maintenant, la même chose en bas, les jambes écartées. Encore ! Au maximum ! C’est parfait !

- [Béatrice] Oh non, Madame, je vous en supplie, ce n’est pas de ma faute, tout le monde demande son petit-déjeuner en même temps et je suis seule pour faire le service !

- J’en étais sûre, il faut toujours qu’elle ait raison ! C’est peut-être de la mienne alors ?

Et pour couper court à ses jérémiades, elle lui enfourne son mouchoir dans la bouche en guise de bâillon.

- George, pendant que je vais finir de la préparer, allez donc me chercher mon martinet noir, vous savez, celui à longues lanières avec un manche épais en forme de phallus.

Le maître d’hôtel n’a pas à aller bien loin. Empressé, il le lui présente immédiatement, posé sur un plateau.

- Ce n’est pas la peine, Madame, le voici, je me suis dit que tôt ou tard Madame allait me le réclamer !

 

Mer 6 avr 2011 Aucun commentaire