Béatrice ou l'éducation d'une jeune soubrette
Assise devant sa coiffeuse, Lady Alexandra se prépare pour le dîner. Béatrice est debout à côté d’elle, fascinée par le miroir dans lequel elle observe sa maîtresse souligner au crayon l’intérieur de sa paupière, puis lisser ses cils avec un mascara « ultra volume » et terminer en donnant un ultime coup de brosse à sa frange de cheveux blonds.
- Béatrice, tu sais que mes amis Gisèle et Pierre viennent dîner ?
- Oui, Madame, George m’a prévenue.
- Ils viennent des Antilles.
- Là où les femmes sont « zantilles », Madame ?
- Au lieu de plaisanter, approche-toi ! [Lady Alexandra prend une houppette et applique, par petites touches circulaires, un blush bonne mine sur les pommettes de sa soubrette]
- Oh Merci, Madame.
- Attends, ça, c’était pour les joues du haut, il faut que je m’occupe aussi de celles du bas !
Elle la bascule sur ses genoux, le buste penché en avant, les pieds décollés du sol, lui relève sa jupe et sans lui donner le loisir de réagir, lui administre une fessée magistrale, jusqu’à ce qu’une jolie teinte écarlate se diffuse uniformément en deux cercles symétriques sur ses rondeurs potelées.
- Le rouge aux joues et le feu aux fesses, mes amis vont adorer ! Maintenant, relève-toi et remets de l’ordre dans tes vêtements, je te veux irréprochable ! Tu aideras Blandine à servir l’apéritif.
Piquée au vif de devoir partager la vedette avec sa rivale mais secrètement heureuse à l’idée de pouvoir se mettre en valeur devant elle, la soubrette prend un soin méticuleux à ajuster sa tenue. A remonter ses bas. A vérifier en se retournant l’aplomb de la couture. Du coin de l’œil, Lady Alexandra s’amuse à la voir tirer les bords de sa petite culotte ajourée sur ses hanches pour l’échancrer le plus possible par-devant et par-derrière. A régler le balconnet de son soutien-gorge pour rendre sa poitrine pigeonnante et laisser dépasser la pointe de ses seins. A évaser gracieusement en corolle les plis de sa jupette noire. A remonter imperceptiblement celle-ci juste à la bonne hauteur. Celle qui dissimulera à peine pour dévoiler beaucoup. A centrer innocemment son petit tablier blanc par-devant. A en arranger les boucles par-derrière. Pendant que sa maîtresse a le dos tourné, elle lui tire la langue comme le ferait une gamine et s’adresse un clin d’œil ravi dans le miroir.
- C’est bien, maintenant suis-moi et surtout n’oublie pas la règle des trois « s » : silencieuse, souriante, sexy !
Lady Alexandra se lève, attache au cou de sa domestique une laisse argentée assortie à son collier de chien, la tire derrière elle dans le couloir, jusqu’à la porte du petit salon dont elle ouvre grands les deux battants d’un geste théâtral, et s’avance, rayonnante, jusqu’à la fenêtre qui donne sur le parc.
- Mes amis, j’ai l’immense plaisir de vous présenter Béatrice.
Inclinant le buste, la soubrette plie les genoux en une courte révérence. Gisèle, une grande femme énergique et souriante, la dévisage avec amusement, tandis que Pierre, le regard pétillant, examine dans les moindres détails sa silhouette et son habillement.
- Ravissante ! Vous savez à qui elle me fait penser ?
- Non.
- On la croirait sortie tout droit d’une bande dessinée de Chris.
- Je n’y avais pas pensé mais effectivement, elle pourrait très bien tenir le rôle de Miss Jane dans « Le dressage de Jane ».
Dans un justaucorps en vinyle noir et blanc serré par un petit tablier, Blandine, rousse, discrète, se tient en retrait.
- Tourne-toi ! [Lady Alexandra relève le bas de la jupe de sa soubrette et, la contraignant à se pencher en avant, découvre ses fesses écarlates] Gisèle, viens les toucher, regarde comme elles sont douces et lisses.
- [Gisèle s’approche] C’est incroyable, on dirait du satin, une vraie peau de bébé. Et puis avec ces couleurs, elles sont magnifiques ! Tu la punis souvent ?
- Oh oui, pratiquement tous les jours, et même plusieurs fois par jour. Je me demande quand j’aurai fini ! Tu sais, elle me rappelle Diva à ses débuts. Il m’a fallu du temps mais j’y suis arrivée ! [A l’appel de son nom, le caniche ouvre une paupière en accent circonflexe vers sa maîtresse et replonge aussitôt dans ses rêves, le museau contre le tapis] Redresse-toi et tiens-toi de profil. Oui, comme ça, bien droite, cambre les reins et bombe la poitrine ! Encore !
- [Pierre] Elle a beaucoup d’allure !
- [Lady Alexandra] Tourne-toi vers nous et remonte ta jupe ! [Béatrice hésite] Tu vas obéir ? [Elle empoigne l’ourlet et le relève] Tiens-la comme ça ! Plus haut ! [Les invités découvrent ses jarretelles noires impeccablement tendues en haut de ses cuisses nues]
- [Pierre] Ravissant ! J’ai l’impression que Mademoiselle a un gros clitoris ! [Rires] En tout cas, ses jambes sont superbes !
- [Lady Alexandra] Avance jusqu’à la porte [La soubrette s’exécute en veillant à marcher à petits pas, légèrement déhanchée, les reins et les épaules cambrés] Demi-tour ! [Au passage, Béatrice se regarde furtivement dans le miroir en pied. Les invités s’échangent des sourires indulgents et complices.] Ça suffit, reviens et sers-nous le champagne.
La domestique extrait d’un seau en métal une bouteille enveloppée dans un linge blanc et s’apprête à remplir la première flûte lorsqu’elle constate avec étonnement que la bouteille est déjà aux trois quarts vide. Tous les yeux se braquent vers Blandine.
- Mais enfin, Blandine, qu’est ce que ça veut dire ? Où as-tu la tête ? Comment peux-tu oser offrir ce vieux Bricout à moitié éventé ?
La soubrette, gênée, bredouille un vague commencement d’explication qui, à défaut de convaincre la maîtresse de maison, ne fait que l’irriter davantage. Alors que l’orage gronde, Béatrice, ravie de ce contretemps qui met en difficulté sa collègue, se porte à sa hauteur et lui murmure à l’oreille :
- Grande taille mais petit cerveau !
Blandine lui jette des yeux noirs mais elle s’empresse de lui tourner le dos et tout en jouant les domestiques modèles, présente les flûtes à sa maîtresse. Celle-ci a tout entendu. Elle la laisse terminer son service avant de lui faire signe d’approcher afin de lui introduire entre les lèvres le bâillon équipé d’un gland très court mais de section énorme qu’elle adore l’entendre sucer.
- Ça t’apprendra à dire des bêtises ! Dépêche-toi de nous apporter le reste, nous mourons de faim !
La soubrette ne tarde pas à réapparaître en soulevant par ses deux poignées un grand plateau en argent où sont habilement disposés un assortiment de canapés variés, de petites quiches lorraines, de mini pizzas, de tomates cerises, de pains surprises, de navettes briochées, de coupelles remplies d’olives et de noix de cajou, de sauces colorées à base te tapenade, de guacamole et de poivron confit. Elle se penche le plus possible en avant, tout en gardant les jambes très tendues, comme sa maîtresse le lui a appris, et reste concentrée pour ne pas trébucher.
Entre deux plaisanteries, les invités font mine d’hésiter, histoire de la garder à leur portée et de contempler tout à loisir les appas qu’elle leur tend. Tandis qu’elle circule, une main remonte par-derrière sous sa jupe pour lui caresser les fesses. Une autre, par-devant, s’aventure en haut de ses cuisses.
- [Lady Alexandra] Écarte les jambes !
Béatrice obéit et sent des doigts s’insinuer entre ses cuisses moites, puis se glisser sous sa petite culotte pour s’imprégner de la chaleur de son sexe. La maîtresse de maison déguste la scène en silence. Heureuse. Son plaisir se confond avec celui de ses amis. Tout en piquant avec gourmandise un canapé au tarama-concombre du bout de son petit bâtonnet en bois, elle nargue sa soubrette. Celle-ci, inclinée vers elle, soutient son regard et la fixe intensément. A côté d’elle, Pierre, aux prises avec une rondelle de saucisson dont la peau est restée attachée à la précédente, interroge Blandine qui feint de découvrir la difficulté :
- Je ne comprends pas. Je les avais pourtant bien découpées, elles ont dû se recoller !
Cette repartie inattendue déclenche un éclat de rire général. Pendant ce temps, à force de bouger et de varier les positions afin d’échapper aux mains qui ne cessent de la rattraper pour la lutiner, Béatrice finit par se tordre la cheville. Blandine saute sur l’occasion pour prendre sa revanche :
- Quand on ne sait même pas marcher, on évite de porter des talons aiguilles !
- [Lady Alexandra] Vous avez bientôt fini de vous chamailler ! Blandine, je te dispense de tes commentaires, quant à toi, Béatrice, pose ton plateau et viens à côté de moi. Attends, je vais t’enlever ton bâillon. Tiens-toi tranquille, les yeux baissés, et relève ta jupe par-devant !
- [Gisèle, indulgente] Tes deux domestiques sont tout à fait charmantes !
- [Pierre, plus critique] Je trouve tout de même que ce soir, Blandine a accumulé les bêtises !
- [Béatrice, incapable de se retenir] Moi aussi !
- [Lady Alexandra] Non mais, écoutez-moi cette petite péronnelle ! Est-ce qu’on t’a demandé ton avis ? D’abord vous serez punies toutes les deux et pour la peine, nous allons commencer par toi, Béatrice ! Mets-toi à quatre pattes, tu vas faire connaissance avec les « battoirs » de Gisèle, on verra à la fin si tu trouves toujours que les Martiniquaises sont « zantilles » !
- Oh non, Madame, s’il vous plaît !
- Obéis et tais-toi ! Attends, Gisèle, que je la débarrasse de sa petite culotte, tu seras plus à ton aise, et surtout n’hésite pas à frapper fort, elle l’a bien méritée ! Quant à toi, Pierre, tu peux en profiter pour te mettre à l’aise, et si le cœur t’en dit, Mademoiselle ne te refusera pas une petite gâterie, n’est-ce pas, Béatrice ?