Béatrice ou l'éducation d'une jeune soubrette

54 02- Rassurez-moi, ma fille, toutes ces mauvaises pensées qui vous accaparent l’esprit restent bien sûr cantonnées au domaine de vos rêves ? Dans la vraie vie, vous savez vous garder de ce genre d’excès, n’est-ce-pas ?

Bonne question. Je m’y attendais. Si je réponds oui, il ne me croira pas. A l’inverse, répondre non serait trop simple et trop facile. Je vais plutôt tenter un cou54 03p intermédiaire : reconnaître la réalité mais me poser en victime innocente.

- Oh, je voudrais bien, mais je ne suis pas toujours en mesure de résister. Vous savez, ici, je ne suis jamais qu’une domestique. On ne me demande pas mon avis. Une54 04 domestique obéit aux ordres. Quels qu’ils soient. Un point, c’est tout. C’est comme ça que Madame m’a éduquée. Je suis la bonne à tout faire. Celle qui doit être prête à satisfaire la moindre des exigences de ces messieurs.    

- De ces messieurs ?

- Oui, par exemple quand Madame reçoit des invités, le soir, qu’elle me fait porter pour l’occasion ma petite robe noire, qu’elle me maquille et qu’elle me parfume, vous n’imaginez tout de même pas que c’est pour leur raconter l’histoire de Boucle d’or ou du Petit Chaperon rouge !

- Que dois-je alors imaginer ? 54 05 

Quel farceur, ce J. B. ! Je savais qu’il avait de l’humour, mais à ce point ! Je suis convaincue qu’il sait très bien ce qui se passe au cours de ces soirées et qu’il mourrait d’envie d’y partici54 06per. Alors pour la peine, je vais lui en donner un avant-goût à ma façon.  

- Eh bien, tout ! Vous pouvez tout imaginer ! Tenez, l’autre soir, après le dîner, Madame m’a demandé d’aller servir des liqueurs à ces messieurs. Je dois dire que ma visite les a transportés de joie. Une délicate attention. Un cadeau tombé du ciel. La cerise sur le gâteau. La confirmation, selon eux, de l’exquise prévenance de la maîtresse de maison à leur égard. Après m’avoir prestement débarrassée de mon plateau, ils m’ont hissée sur la table de billard et invitée à leur offrir un petit spectacle.

- Un petit spectacle ? 54 08 

- Oui, un strip-tease si vous préférez, mais attention pas une exhibition vulgaire ou glauque, quelque chose, au contraire, de chic et de distingué, façon Crazy Horse. Madame y tient beaucoup. J’ai donc rep54 07ris les poses que Madame m’avait fait répéter, en commençant par onduler sur le tempo de la musique. Un fado plutôt triste mais sensuel et langoureux. J’ai contracté mes muscles afin de mettre mes formes le plus possible en valeur.

Les conversations se sont interrompues. Un parterre d’hommes aux yeux brillants s’est subitement formé à mes pieds. Émoustillée par ces regards voyeurs qui me     54 09dévoraient, j’ai dégrafé le haut et découvert ma poitrine. Des murmures flatteurs ont accompagné mes mouvements tandis que je me caressais les seins. Une douce chaleur n’a pas tardé à m’envahir. J’ai fait glisser ma robe le long de mes cuisses. Lentement. En défiant tous ces yeux que je voyais comme autant de mains prêtes à se partager l’offrande de mon corps.  

Il ne me restait plus que l’essentiel. Ma petite culotte noire fendue "Exciting". J’ai délibérément mis du temps à l’enlever. Comme si quelque chose me retenait de commettre l’irréparable. Pour une fois, l’occasion était trop belle de pouvoir les tenir en mon pouvoir.

Après avoir procédé à toutes sortes de contorsions destinées à élever la54 10 température de quelques degrés supplémentaires, j’ai fini par m’en débarrasser en la projetant d’une pichenette, du bout du pied, au milieu du cercle de mes admirateurs, comme j’avais vu le faire une actrice dans un vieux film américain en noir et blanc. Ils se sont poussés du coude et bousculés pour s’en 54 11saisir. Je me trouvais maintenant complètement nue, réveillant tous les fantasmes de ces hommes prêts à se battre pour s’enivrer de mon parfum, pour lécher les gouttelettes de moiteur qui perlaient sur ma peau…

- Et ensuite ?

- Ensuite, puisque les jeux étaient faits, il ne me restait plus qu’à m’en remettre au vainqueur, celui qui dans la bataille, venait de se montrer le plus empressé et qui brandissait, tout sourire, ma petite culotte au-dessus de sa tête, comme54 12 un trophée. Les perdants, envieux mais beaux joueurs, l’ont suivi des yeux tandis qu’il m’aidait à descendre de la table pour m’emmener à l’écart.

- Et ça n’est pas allé plus loin ?

- Oh si, beaucoup plus loin ! J’ai passé une nuit inoubliable mais épuisante dans les bras d’un amant tour à tour passionné, tendre, ardent, fougueux, imaginatif,… Il suffisait que je me plie à toutes ses fantaisies, comme la petite bonne soumise et docile que Madame m’avait appris à être en pareilles circonstances. Je suis sûre qu’elle aurait été fière de moi !

J. B. a avalé sa salive à plusieurs reprises. Je pense qu’il devait avoir la gorge sèche.

- Dites-moi, ma fille, ces petites « soirées », comme vous dites, il y en a souvent ?

 

 

Sam 6 jui 2013 Aucun commentaire